Saint Saulve à l'honneur

En l'honneur de Saint Saulve, martyr et protecteur des bestiaux, faisons de nouveau un pèlerinage comme autrefois.

Nous fêtons aujourd’hui Saint Saulve, martyr, reconnu saint dès le Moyen Age. Il a donné son nom à notre ville. Protecteur des bestiaux, un pèlerinage l’a longtemps honoré. Certains s’en souviennent encore.


Nous ne savons pas grand-chose de sa vie en dehors de son martyr raconté dans une hagiographie rédigée au tout début des années 800 (entre 801 et 803 vraisemblablement). Les données et les dates sont très vagues. Il a vécu sous Charles Martel, mais son petit-fils Charlemagne, bien plus prestigieux, est souvent cité, ce qui explique le flou dans les dates.


Ce qui est certain est que, originaire d’Auvergne, Saulve a été évêque d’Angoulême.
Extrêmement vertueux, très intelligent, sa sainteté intérieure apparaissait sur son visage, selon les dires de ses contemporains.
Voyageur et prédicateur, il prêchait la pénitence et la venue du royaume de Dieu.


Evêque itinérant, ce n’était pas inhabituel à cette époque. Un évêque pouvait être chargé, outre sa mission d’évangélisation, de charges politiques : rechercher les abus, les injustices…
Cependant, les missionnaires avaient besoin du consentement du maître de la localité pour annoncer la parole de Dieu. Il leur fallait donc commencer par le convertir avant de chercher à convertir ses sujets.


Envoyé dans notre région, Saulve arriva le samedi saint, vers le soir, dans l’église dédiée à Saint Martin, près de Valenciennes. Il raconta au disciple qui l’accompagnait tous les miracles accomplis par Martin et lui expliqua que lui aussi espérait obtenir une place au ciel. Ce qui sous-entend qu’il recherchait le martyre.
Il trouva refuge dans l’église, y célébra la messe et passa la nuit en priant et en chantant.


Le lendemain, sa renommée attira beaucoup de gens. Il décida donc de prêcher.
Selon la coutume, Génard, intendant du domaine de Valenciennes, l’invita à partager son repas. Comme c’était le dimanche de Pâques, Saulve accepta. Au repas assistait Winegard, fils de Génard. Ce Winegard était un voyou, un brigand qui semait la terreur dans toute la région.
Les convives avaient vu les riches habits sacerdotaux de Saulve, les objets du culte d’or et de vermeil. Tout cela éveilla la convoitise de Winegard.


Après le repas, Saulve et son disciple partirent pour le couvent Notre-Dame de Condé. Près de Beuvrages, ils tombèrent dans une embuscade tendue par Winegard et ses compagnons et furent faits prisonniers. Ils restèrent 3 mois enfermés dans la maison où, vraisemblablement, ils subirent le martyre.
Génard finit par faire comprendre à son fils que cette situation ne pouvait pas durer, qu’il y avait des témoins qui pouvaient les dénoncer, qu’il fallaittuer les deux hommes pour se débarrasser d’eux.


Saulve étant un ecclésiastique de haut rang, Winegard hésitait à le tuer lui-même. Il ordonna à son serviteur d’exécuter Saulve. Le serviteur, impressionné par le calme de l’évêque, lui proposa de le sauver, Saulve refusa et lui dit qu’il devait obéir à son maître. Le disciple de Saulve voulut subir le même sort que Saulve : ils furent décapités à la hache. Ils moururent tous deux le 26 juin. Probablement en 738, soit 3 ans avant Charles Martel.

Ils furent enterrés dans une étable à Beuvrages. D’abord Saulve puis le disciple dont personne ne connaissait le nom. Placé au-dessus (supra en latin), il fut donc appelé Super ou Superius.


Pour être reconnu saint, il faut au moins trois miracles. On en relève 11.


En 741, deux personnes voient un taureau aux cornes duquel pendent comme deux lumières qui éclairent comme en plein jour l’étable dans laquelle reposent les dépouilles des deux martyrs que l’on put découvrir ainsi. C’est pourquoi Saint Saulve est toujours représenté avec la hache et la tête du taureau.


Un taureau gigantesque, aux cornes immenses gardait la tombe et empêchait les animaux de l’approcher.


Charles Martel vit par trois fois, en songe, un ange qui lui demandait de rechercher les meurtriers, de les punir, et de retrouver les dépouilles.
Une fois celles-ci exhumées, on plaça les corps sur une charrette et on voulut les conduire dans l’église de St-Vaast, près de Valenciennes. Les boeufs attelés à la charrette refusèrent d’avancer. On pense alors à Ste Pharaïlde, à Bruay. De nouveau, les boeufs restent immobiles. On décide alors de les laisser aller où ils le veulent ; ils se dirigent vers St-Martin. C’est là que furent inhumés les martyrs. Par la suite, Charlemagne fit ériger un couvent près de l’église.


Quant aux assassins, Winegard et son père furent châtrés et eurent les yeux arrachés. Le serviteur, contraint d’obéir à son maître, eut « seulement » les yeux brûlés.
Cependant, autre miracle, ils se repentirent et se convertirent. Génard donna ses biens au couvent de St-Saulve, son fils devint moine à l’abbaye de st-Amand.
Le serviteur demanda pardon et recouvra la vue ; nouveau miracle à mettre au compte de St-Saulve.


La protection de la tombe par le taureau et la décision des boeufs font que Saulve est déclaré protecteur des bestiaux. 


Documents utilisés :
Textes de J. P. Dehaine, P. Chapron et Frans de Kok.

 

Merci à Marie-Louise Cuvelier pour cet écrit

Article publié par Emilie Plust • Publié le Lundi 29 février 2016 • 4261 visites

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