Message de Noël 2020

Voeux du Curé-doyen de Valenciennes

Jamais, sans doute, depuis la fin de la dernière guerre mondiale, Noël n'aura été autant espéré que redouté : Espéré comme oasis de consolation dans les déserts de solitude engendrés par cette pandémie dont on ne voit pas la fin. Redouté car ce virus ne cesse de jouer à cache-cache avec l'Occident dont tous les piliers de croissance se trouve ébranlés voire effondrés.

Voici donc Noël avec toutes les recommandations nécessaires…

Même en comptant l'âne et le bœuf de la crèche, ils n'étaient pas six autour de la mangeoire où un enfant du ciel a trouvé une hospitalité dérisoire. Même les bergers ont dû rester à distance en raison de leur odeur. Quelques jours plus tard, les mages se sont arrêtés à l’écart, gênés par leurs présents qui ne semblaient guère convenir à un enfant ! Alors, faute de plats festifs à déguster ou de cadeaux somptueux à ouvrir, la naissance de Jésus a été célébrée par des regards émerveillés.

Ah le regard ! L’ancienne présidente de l’association « Aux captifs, la libération » qui accueille des personnes de la rue ou en situation de prostitution, redisait cette semaine l'importance d'un regard à offrir comme cadeau à celles et ceux qui ne sont jamais considérés comme des personnes. Et si nous échangions, même masqués et à distance, le beau cadeau de nos regards. Un regard bienveillant pour tous ceux que nous rencontrerons. Ce que nous ne pourrons pas manifester par les gestes, nous pouvons le faire en posant des regards qui donnent de la joie.

Pour les croyants, le regard devient contemplation. Noël 2020, débarrassé de ce qui est non essentiel, nous invite à contempler. En cette sainte nuit, les chrétiens contemplent la visite de Dieu parmi les hommes pour les affranchir de la crainte, non pas avec des consignes sanitaires, mais avec la puissance d'un amour désarmé qui guérit les cœurs brisés. Retrouvons la qualité du regard de Marie sur l'enfant qu'elle vient de déposer sur la paille d'une étable, le regard de Joseph sur le mystère de cette vierge devenue mère et celui surtout de l'enfant Dieu sur ses parents étonnés et l’humanité désemparée ; un regard divin qui ne désespère pas de l'homme, qui continue à croire en lui, malgré la présence de l'ivraie dévastatrice dans le champ de son cœur.

C'est Noël, osons nous regarder nous-mêmes avec lucidité, avec nos talents et nos peurs ; regarder les autres en les considérant supérieurs à nous-mêmes, regarder l'enfant-Dieu dont l’innocence nous débarrasse des fausses images le concernant. C'est Noël, regardons-nous, contemplons, et réjouissons-nous.

Joyeux Noël !

Abbé Jean-Marie Launay

Curé-doyen de Valenciennes

22 décembre 2020

Article publié par Claire DUPONT • Publié le Jeudi 24 décembre 2020 • 1856 visites

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